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Une vague d’espoir

Martine Boudet membre du CS

mercredi 25 novembre 2020

Un regain électoral

Le dimanche 28 juin dernier, s’est ouverte une nouvelle page de la vie municipale : à la tête de coalitions de gauche, les écologistes ont remporté un large succès, et se sont implantés dans les plus grandes villes de France. Marseille, Lyon (y compris la métropole), Bordeaux, Strasbourg, Grenoble qui avait initié ce processus à l’élection précédente. Mais également dans plusieurs villes moyennes, comme Besançon, Tours, Annecy, Poitiers, Bègles, Colombes... Une trentaine de municipalités, au total.
Le Parti socialiste a aussi confirmé sa présence au niveau local, particulièrement dans les communes où il était à la tête d’alliance avec les Verts. C’est le cas à Paris, Rennes, Nantes, Montpellier, Rouen, Nancy, Le Mans, La Rochelle, Clermont-Ferrand, Villeurbanne, Lille dont la liste était au coude à coude avec celle des Verts.
Avec cette lame de fond, des dynasties de la droite républicaine, solidement enracinées, ont disparu du paysage, comme à Marseille et à Bordeaux.
Dans ce panel urbain, c’est un échec historique pour les listes d’ En Marche, que ne masque pas la victoire d’Édouard Philippe, 1er ministre, au Havre. L’implantation du parti présidentiel et du RN est entravée de manière significative. L’extrême droite conserve quelques fiefs (Hénin-Baumont, Fréjus, Beaucaire, Béziers…) ; exceptions à la règle, Perpignan et Moissac tombent dans son escarcelle.
A Toulouse, la liste Archipel citoyen a manqué de peu de réussir, du fait de la campagne hyper sécuritaire du maire sortant et de divisions internes à la gauche locale. D’autres listes citoyennes, auxquelles participaient des représentants de la France insoumise et du PCF, ont enregistré de bons résultats, insuffisants néanmoins pour les mettre aux manettes, comme à Crest, Forcalquier ou Albi.
Un bémol de taille : à peine 40 % des électeurs sont allés voter. Ce scrutin municipal a battu tous les records d’abstention lors d’une élection en France sous la Ve République. Si la peur du coronavirus a joué, elle n’est pas la seule explication, le système représentatif et délégataire perdant toujours plus de légitimité aux yeux des citoyens.

Les territoires un bouclier face au centralisme autoritaire

Paradoxalement, en dépit de la vague d’espoir que cette fin de campagne a suscitée en pleine crise pandémique, qui s’ajoute à la dérive autoritaire du régime, peu de bilans ont été effectués sur ce mouvement communaliste (citoyenniste ou municipaliste, pour reprendre d’autres dénominations). L’une des raisons en est que le système centralisé et présidentialiste propre à la 5e République peine à comprendre et à valoriser la logique de bouclier propre aux territoires. La nomination d’un premier ministre à l’accent occitan (Jean Castex est originaire du Gers et maire de Prades) ne peut dissimuler ce déficit.
Quel est l’héritage des Gilets jaunes et du mouvement social opposé au projet de réforme des retraites, dont l’action publique s’est arrêtée avec le confinement ? La césure entre les programmes concernant la fin du mois et la fin du monde semble dépassée. Des équipes souvent constituées de nouveaux venus, de femmes et de citoyens plus jeunes, disent apporter des réponses concrètes et pragmatiques aux crises environnementale, sanitaire, sociale et humanitaire.
Cette troisième force, constituée après la chute du leadership du parti socialiste, pourra t’elle se maintenir face au duo du parti macroniste et de l’extrême-droite, duo programmé médiatiquement pour la présidentielle de 2022 ? Pour mémoire, au premier tour de celle de 2017, le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, était arrivé en tête dans 4 des 10 plus grandes villes : à Marseille, avec 24,82% des suffrages, à Toulouse avec 29,16%, à Montpellier avec 31,46% et à Lille avec 29,92%. Quelles seront les marges de manoeuvre en matière d’unité des forces progressistes ? Cet objectif est, bien sûr, déterminant pour la construction d’une alternance au pouvoir, si pas d’une alternative. Les élections régionales et départementales de 2021 seront décisives à cet égard.