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La démocratie cognitive et culturelle source d’émancipation du néo-libéralisme

Martine Boudet membre du CS

jeudi 30 janvier 2020

I- Emergence de paradigmes alternatifs complémentaires (esquisse méthodologique)

Suite au crash boursier de l’automne 2008, la crise économico-financière, écologique et alimentaire mondiale met à l’ordre du jour la recherche d’alternatives viables au système néo-libéral. Celui-ci, étant symboliquement affaibli mais détenant les principaux pouvoirs institutionnels, les bourses et marchés, les Etats et médias dominants à l’échelle internationale…il est pertinent de corréler autant que faire se peut les stratégies alternatives de développement et de construction sociétale.

La réussite des FSM depuis leur création procède de l’expérience collégiale assumée par différents groupes associatifs émanant des sociétés civiles, du Nord comme du Sud ; la progression de ce processus à Belem consiste, entre autres facteurs principaux, dans le fait que les hôtes étaient les peuples amérindiens, dans cet éco-système fondamental qu’est la forêt amazonienne et les invités de marque cinq chefs d’Etat en voie d’autonomisation à l’égard du néo-libéralisme. En Amérique latine, cette élaboration politique est favorisée par une forme de démocratie dite « inclusive » et multipolaire, qui tend à intégrer dans les modes de gouvernance et de citoyenneté la socio-diversité, les différentes communautés et leurs paramètres, jusqu’alors exclus ou périphériques .
L’intérêt de la démarche interculturaliste est qu’elle permet de lever des obstacles à l’émancipation de nature inter-communautaire et intériorisés de manière subjective, obstacles engendrés par le cercle vicieux de la domination et de la dépendance, qui peut être défini comme une dialectique intersubjective négative. En complément d’autres démarches alternatives, l’interculturalisme permet d’avancer ce faisant vers une politique de civilisation fondée sur l’accès de tous à des droits fondamentaux, dont les droits culturels. Dans cet ordre d’idée, le FSM de Belem a listé dix objectifs d’émancipation à l’égard d’une domination principale, celle du néo-libéralisme et de dominations/dépendances structurelles qui apparaissent comme autant de courroies de transmission et de sources de potentats intermédiaires, que le néo-libéralisme instrumentalise pour ses fins propres : le patriarcat et le machisme, le colonialisme intérieur dans l’aire latino, le néocolonialisme francophone, l’intégrisme islamiste, le système des castes…
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- 1. Pour la construction d’un monde de paix, de justice, d’éthique et de respect des Diverses spiritualités, sans armes, spécialement sans armes nucléaires ;
 2. Pour la libération du monde de la domination du capital, des multinationaux, de la domination impérialiste, patriarcale, coloniale et néo-coloniale et des systèmes inégales de commerce, avec l’annulation de la dette des pays appauvris ;
 3. 1.Pour assurer l’accès universel et soutenable aux bien communs de l’humanité et de la nature, pour préserver notre planète et ses ressources , spécialement l’eau, les forêts et les sources renouvelables d’énergie ;
 4. Pour la démocratisation et décolonisation de la connaissance, de la culture et de la communication, pour la création d’un système partagé de connaissances et de savoirs, avec le démantèlement des Droits de Propriété Intellectuelle ;
 5. Pour la dignité, diversité, garantie de l’égalité de genre, race, ethnie, génération, orientation sexuelle et éliminer toutes les formes de discrimination et de castes (discrimination fondée sur la descendance) ;
 6. Pour la garantie (au long de la vie de toutes les personnes) des droits économiques, sociaux, humains, culturels et environnementaux, en particulier le droit aux soins de santé, à l’éducation, au logement, à l’emploi, au travail décent, à la communication et à l’alimentation (avec la garantie de sécurité et souveraineté alimentaire) ;
 7. Pour la construction d’un ordre mondial basé sur la souveraineté, l’autodétermination et les droits des peuples, y compris des minorités et des migrants ;
 8. Pour la construction d’une économie démocratisée, émancipatrice, soutenable et solidaire, avec un commerce éthique et juste, centrée sur tous les peuples ;
 9. Pour la construction et ampliation de structures et institutions politiques et économiques - locales, nationales et globales – réellement démocratiques, avec la pleine participation des peuples sur les décisions et le contrôle des affaires et des ressources publiques ;
 10. Pour la défense de la nature (l’Amazonie et autres écosystèmes) comme source de vie pour la Planète Terre et pour les peuples originaires du monde (indigènes, afro-descendants, tribaux, côtiers) qui exigent leurs territoires, langues, cultures, identités, justice environnementale, spiritualité et bien vivre. »

Article publié le 5/07/2010
https://france.attac.org/archives/spip.php?article11536

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