Accueil > Commission enseignement-recherche > Non aux contre-réformes libérales du macronisme

Non aux contre-réformes libérales du macronisme

Martine Boudet CS d’Attac

mardi 29 mai 2018, par Commission Enseignement-Recherche

Non à l’autoritarisme administratif et aux violences policières à l’Université.
Soutien des Coordinations de l’éducation, des enseignant-e-s et des étudiant-e-s en lutte.

Force est de constater avec inquiétude l’accumulation des recours à la force à l’encontre de l’expression publique et des mobilisations étudiantes et enseignantes, dans le cadre du débat en cours sur les réformes universitaires :

 le 8 février 2018, des policiers sont armés de fusils d’assaut lors d’une manifestation étudiante à Nantes
 le 6 mars, intervention brutale de CRS à la faculté de Sociologie de Bordeaux
 le 7 mars, intervention de la police et menaces du vice-président de Lille 3 lors d’une conférence d’universitaires
 le 15 mars, de nombreuses interpellations, garde à vue et poursuites judiciaires suite à une manifestation étudiante pacifique à Caen
 le 16 mars, intervention brutale de la police sur le campus de Dijon, à l’occasion d’une visite de la ministre de l’ESR
 le 20 mars, la présidence de l’université Lettres et sciences humaines de Toulouse est dissoute, et une intervention policière annoncée
 le 22 mars, intervention brutale de la police au palais universitaire de Strasbourg
 le 22 mars, intervention de la police en marge de la conférence Frontex à l’université de Grenoble
 le 23 mars, envoi par le doyen de nervis cagoulés et armés de bâtons contre des étudiant.e.s à la faculté de Droit de Montpellier.(1)

Voilà où mène la volonté d’imposer des bricolages techniques avec une « urgence » qui traduit une volonté de rupture avec une grande partie des fonctions mêmes de l’Université. La peur du débat s’exprime dans l’absence de temps laissé aux discussions. Quelles extrémités sont ainsi préparées pour le moment où, devant les effets pratiques de ces décisions de l’hiver 2018, les universités cesseront de fonctionner ? Si ce gouvernement était un tant soit peu assuré du bien fondé de ses projets, les ferait-il passer « en force » ?

Il importe de condamner ces agissements contraires à l’esprit du service public d’enseignement, dévolu à la transmission des connaissances, d’assurer les victimes de notre soutien, d’appeler au respect de l’intégrité physique et morale des personnels et usagers, et de demander que soient sanctionnés les commanditaires et auteurs des violences.
Cinquante ans après les évènements fondateurs de mai 68, actuellement commémorés, l’Université doit rester le lieu du débat critique. Dans un contexte où s’enclenche un mouvement social national, doivent être respectés les principes de liberté d’expression et de réunion, à l’intérieur comme à l’extérieur des enceintes universitaires.
Au-delà des directions d’université, le gouvernement Macron-Philippe-Vidal est pleinement responsable de cette situation. La Coordination nationale de l’Education (CNE) dont font partie des membres fondateurs, est l’un des acteurs de la mobilisation organisée à l’encontre des contre-réformes libérales (2) :

-Non à parcoursup, plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur dont la démarche d’orientation trop complexe et les prérequis seront dissuasifs pour de trop nombreux lycéens. Ce mécanisme administratif ne fera que renforcer des inégalités déjà très marquées dans le système scolaire et universitaire français. Le lycée ne doit pas être le lieu de la sélection à l’enseignement supérieur, mais doit demeurer le cadre d’une formation secondaire pluridisciplinaire pour tous les élèves. Mieux vaut donner à l’Université, notoirement sous-dotée budgétairement, les moyens d’une plus grande égalité des chances, et de parcours individualisés pour les bacheliers.

 Non à l’application de la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE), notamment dans sa clause subordonnant le nombre de places dans les formations universitaires au marché du travail. Il s’agit là d’un grave dévoiement des missions de l’Université. L’article 1er du code de l’éducation précise que « le service public de l’éducation est conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants ».

A contrario, il importe de mener une politique d’égalité d’accès à l’enseignement supérieur et de réduction des inégalités entre territoires et entre établissements. Tous les établissements doivent avoir pour objectif d’atteindre une mixité réelle et doivent être évalués et financés selon ce critère.

Mars 2018

Notes

(1) https://secoursrouge.org/France-Des-policiers-armes-de-fusils-d-assaut-lors-d-une-manifestation

http://www.lemonde.fr/campus/article/2018/03/08/a-l-universite-de-bordeaux-l-evacuation-d-etudiants-par-des-crs-jette-le-trouble_5267900_4401467.html

http://lavdn.lavoixdunord.fr/277158/article/2017-12-09/la-police-intervient-lors-d-une-conference-lille-3#

https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/010416/repression-policiere-caen-retranche

http://www.revolutionpermanente.fr/Dijon-Les-flics-occupent-la-fac-Ils-nous-traquent-dans-les-couloirs-matraques-et-gazeuses-a-la-main

https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/20/2763427-presidence-universite-jean-jaures-dissoute-intervention-policiere-annoncee.html

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/manifs-du-22-mars-centaine-etudiants-occupe-universite-strasbourg-1445419.html
https://www.youtube.com/watch?v=D8fVVzpvgrw

http://snesup.fr/article/montpellier-une-agression-fasciste-inadmissible-qui-temoigne-du-retour-des-briseurs-de-greve

(2) La CNE est composée des organisations et associations suivantes : CGT-Ferc, FO Fnec FP, FSU, SGL, Solidaires étudiant.e.s, SUD éducation, UNEF, UNL, UNEL SD, ASES, FCPE, Sauvons l’Université !
Appel de la 1ère réunion de la CNE (27 janvier 2018)
http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8028
Communiqué de la CNE (1er février 2018)
http://www.ferc-cgt.org/IMG/pdf/appel_interfederal_1er_fevrier_2018.pdf