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Gilets jaunes : pour le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ?

Commission démocratie d’Attac

lundi 10 décembre 2018, par Robert Joumard

Aujourd’hui, tout est dit et son contraire sur le mouvement des « gilets jaunes ».

Qu’il est noyauté par l’extrême droite, par l’extrême gauche, qu’il est complètement apolitique.

Qu’il émane de la ruralité, de la périphérie, des territoires, de partout.

Qu’il rappelle les bonnets rouges, les poujadistes, les jacqueries.

Ses revendications, plus ou moins officielles, partent bien au-delà de la taxe sur les carburants. Sont cités le ras le bol fiscal, la méfiance vis à vis des élu·e·s, les gros privilégiés contre les maigres délaissés, l’insuffisance des services publics. Sont même évoqués la vitesse à 80 km/h, le prélèvement de l’impôt à la source, le prix du gaz…

Ce qui est indiscutable. C’est que cette vague prend de l’épaisseur. Et tend à s’inscrire dans la durée. Il ne s’agit pas d’une poignée de mécontents partis pique-niquer sur un rond-point, juste pour un week-end.

De plus, plus de trois quarts des Français·e·s disent avoir de la sympathie pour cette action.

Alors qu’aucun parti, aucune structure, aucun syndicat, aucun leader, aucune star n’a initié, structuré (ni même récupéré) cette organisation.

Les experts lancent quelques explications : crise de 2008, désertification des campagnes, peur pour l’avenir (terrorisme, migrants)…

Ajoutons un autre angle d’analyse : l’absence de véritable démocratie, c’est-à-dire de pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple dans notre hexagone est peut-être en partie l’explication à cette rage. Elle vient de loin, de décennies, elle ne sait pas se formaliser, se mettre en mots, elle n’est pas contre quelqu’un ou quelque chose en particulier. Et c’est pour ça qu’elle semble être contre tout.

« On travaille, on fait des efforts, mais c’est une petite poignée qui en tire les bénéfices. Ceux qui, justement, prennent toutes les décisions ».

« On est nombreux à ne plus voter. On crie Macron démission ! Mais beaucoup pensent que changer de président ne changera rien ».

Notre système est tout le contraire d’une république où les décisions sont prises par le peuple pour le peuple. Voter pour des représentant·e·s qui, une fois élu·e·s, feront ce qu’ils·elles veulent de ce pouvoir confié est même un déni de démocratie. Qui engendre non seulement un sentiment d’impuissance mais aussi – on le voit aujourd’hui sur tous les ronds-points – un fort ressenti de mépris.

Les gilets jaunes parlent de septennat, de référendums populaires. Mais c’est en réalité tout un paradigme à repenser.