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Latcho Drom

Comment le crochet et le caddie ont remplacé la faucille et le marteau ?

vendredi 9 novembre 2012, par Hervé Thomas

Voilà deux mois et demi que j’ai déménagé à Marseille. Avant je vivais à Arles, petite sous-préfecture vingt fois moins peuplée que la 2ème ville de France dont on connait surtout l’OM, les frères Guérini, la sardine qui bouche le port et les quelques règlements de compte bientôt quotidiens.

La 1ère chose qui m’a frappé à Marseille c’est la pauvreté au grand jour qui touche aussi bien les jeunes que les vieux, les femmes que les hommes, celle qu’on croise partout devant les magasins, aux feux rouges, autour des soupes de fortune. Des gens hagards dans des cartons, des vieux duvets, qui attendent parce qu’il n’y a rien d’autre à faire sous le regard fuyant des passants.

Pour moi dont la grand-mère du côté de mon père, née à Pitesti en Roumanie et qui a trouvé refuge en France au début du XXème siècle, fuyant les pogroms, c’est la misère des Roms qui m’apparait le plus. Au pied de mon immeuble il y a deux conteneurs à ordures et tous les matins, le même homme vient avec un caddie et une tige de fer terminée en crochet. Il ouvre les conteneurs et farfouille avec son crochet dans les sacs poubelles en extrayant ce que nous nous avons jeté et qui pour lui va peut-être lui permettre de survivre encore un peu. Il est jeune et de quelle contrée encore plus inhospitalière de Roumanie peut-il bien venir pour trouver encore préférable cette vie d’errance et de misère ? Parfois, j’aimerais lui parler, lui dire de venir à la maison prendre une petite douche, boire un coup, se reposer et faire la conversation mais je n’ose pas. Et puis c’est bien plus confortable de signer des pétitions et d’aller manifester devant le centre de rétention en restant du bon côté des grilles. Et puis en arpentant les quartiers, je me rends compte qu’il y a une multitude de femmes et d’hommes comme lui avec des caddies et des crochets qui font la même chose dans tous les conteneurs de la ville de Marseille.

Où vont-ils après avec leurs caddies ? À quoi pensent-ils ? Est-ce qu’ils rêvent d’un autre monde possible ? Qu’est ce qu’il faut faire ? Je n’en sais rien ça me désole.

À propos, vous savez que Marseille, ce sera la capitale de la culture en 2013 ?