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Des livres qui vous portent

Evelyne Perrin membre du CS

vendredi 22 juillet 2016, par Groupe Société-Cultures

Cette bibliographie sélective fut commencée en été 2014 après l’expulsion de la Cantine des Pyrénées, squat social autogéré à Paris, après celle des Baras de Bagnolet et en attendant celle des Roms du Camp Truillot d’Ivry, effectuée en août 2014 (1).

Ce genre d’expulsion de centre social autogéré ou de campement de migrants sur des terrains inoccupés est pratiqué systématiquement par les pouvoirs qui nous gèrent et nous dirigent, en France comme ailleurs, l’été étant toujours la période la plus propice aux agents du capital pour faire leurs basses besognes au mépris des droits fondamentaux proclamés et des lois existantes pour ce qu’il en reste, et avec une brutalité et des violences policières exacerbées et restant totalement impunies. C’est ainsi que lors de l’expulsion policière de la Clinique, espace autogéré de Montreuil, le fils d’Armand Gatti a perdu un œil par tir tendu de flashball par la police.
Ainsi à nouveau en ce mois de juillet 2016, nous sommes sollicités par les mails et SMS presque toutes les heures, nous invitant à protester contre de nouvelles expulsions de réfugiés ou de Roms de leurs campements, aux arrestations arbitraires en série lors des manifestations, aux condamnations injustifiées ou disproportionnées, aux blessures graves infligées par les tirs et les coups de la police à de simples manifestants pacifiques pris en nasse, à de jeunes lycéens ayant eu le tort de bloquer leur lycée au début de l’opposition à la Loi Travail, aux déblocages violents de sites productifs occupés ou en grève... etc. La police est partout en grand nombre – 2000 policiers sur-armés pour encadrer une manifestation intersyndicale d’abord interdite le 23 juin 2016, puis autorisée à parcourir 2,5 kms autour du Bassin de la Bastille après fouille au corps de toute personne voulant entrer dans le périmètre de la manifestation-cage.

Du dire même des avocats, des juristes de la Ligue des Droits de l’Homme et de sa Commission Justice-Police, nous sommes entrés subrepticement dans un nouveau régime sociétal, où l’état d’urgence devenu permanent et détourné de ses objectifs initiaux, devient le droit commun et rend illusoire tout recours juridique contre des exactions policières et contre une fuite en avant liberticide au nom de la sécurité. A cela s’ajoute peu à peu une peur ou une frilosité de la part des magistrats, des parlementaires attachés à la préservation de leur poste, tandis que les juges administratifs prennent le pas sur les tribunaux civils et pénaux, et entérinent systématiquement les décisions prises par le pouvoir en place..
Cette bibliographie porte prioritairement sur le nouvel agir politique et sera ultérieurement complétée sur la question de la crise historique que traverse le modèle occidental de démocratie.

Quelles solutions, quelles perspectives ?

1. La résistance populaire

Partout des réponses populaires de réappropriation d’usines (Vio-Me en Grèce, Continental à Mexico, …), de lieux ou de terrains transformés en centres sociaux, ont fleuri en réponse à des crises terribles : après l’Argentine, où le mouvement de réappropriation de terres et de création de coopératives a connu un pic puis s’est un peu tari, ce fut le cas en Grèce lorsque ce pays se vit étranglé par les politiques européennes d’austérité et leur application de plans de remboursement drastique d’une dette aussi colossale qu’inventée. Il faut voir à ce sujet le splendide film de Yannis Youlountas "Ne vivons plus comme des esclaves" (téléchargeable gratuitement sur www.nevivonspluscommedesesclaves.net). Ce fut le cas aussi en Espagne où le mouvement des Indignados a soutenu des résistances aux expulsions d’habitants des quartiers populaires par les banques, et créé des coopératives intégrales que l’on croise à chaque coin de rue à Barcelone.
Ainsi, lors de la tentative de destruction à bulldozer en mai 2014 de la célèbre coopérative Can Vies dans un quartier populaire de Barcelone, toute la population est descendue dans la rue plusieurs jours pour s’y opposer, puis s’est mise avec adultes, enfants, chômeurs, salariés et retraités à reconstruire ou consolider le bâtiment pierre par pierre ...

2. La mise en lien de toutes nos résistances et le partage des analyses

Cette mise en lien est nécessaire entre territoires et entre mouvements, afin de définir des stratégies de lutte et de créer des alternatives efficaces. C’est ce qui est apparu et s’est développé, avec des issues diverses et des reprise de pouvoir par les Etats , au niveau international, avec les mouvements des places comme les Indignés et Occupy et les Printemps arabes.
Nous sommes en effet confrontés de plus en plus et dans des cas de plus en plus nombreux à des Etats représentant les intérêts des entreprises multinationales et du système financier, et qui sont prêts à aller très loin dans la dérive autoritaire et liberticide. C’est ce qu’atteste l’ampleur des répressions et des persécutions dans de nombreux pays.
En France, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, reniant ses engagements et se faisant l’ami du grand patronat et de la finance, et encore plus avec l’accession de Manuel Valls au poste de Premier Minsitre, tous les observateurs indépendants qu’il s’agisse des juristes, de la Ligue des Droits de l’Homme, des organisations syndicales et politiques, dénoncent une mutation soociétale inquiétante, l’installation comme droit commun d’un état d’urgence permanent au nom d’un terrorisme largement impuni et la remise en question de tous les droits fondamentaux et des libertés publiques. On l’a constaté à Notre Dame des Landes et ailleurs dès l’automne 2012, puis avec le seuil franchi au printemps 2016, à un niveau sans précédent depuis la Libération, avec la féroce répression policière – nombreux blessés – et judiciaire du mouvement social contre la Loi Travail et son monde à partir de février 2016, mouvement accompagné de formes nouvelles d’occupation avec Nuit Debout !, et qui n’est pas terminé cinq mois plus tard malgré l’arrivée des vacances !.

Résister à cette dérive supposera de surmonter, de dépasser les querelles et divisions perpétuelles entre mouvements, collectifs, organisations ; ces divisions qui semblent faire partie de la définition de toute organisation qui se veut respectable plombent nos luttes et réjouissent nos adversaires, qui se font entre eux la guerre mais savent s’unir contre nous. Il nous revient la tâche d’échanger entre nous et de partager les analyses et bilans nécessaires à partir de nos expériences si diverses et si neuves, car pratique et théorie s’alimentent mutuellement, comme le montre si bien Bernard Aspe dans son beau livre « Les mots et les actes » paru chez Nous en 2009. Il nous faut apprendre de nos erreurs, surfer sur nos échecs et planter partout les graines de la résistance et de notre monde, à la fois « nôtre » et « autre ». Nous ne réécrirons ni Le Manifeste du Parti Communiste, ni Le Petit Livre Rouge...Ce temps des utopies décrétées d’en-haut pour proposer des lendemains qui chantent une fois pris le pouvoir est dépassé. Nous devrons improviser, chercher en tâtonnant, sans être sûrs de trouver, en développant à la fois les initiatives solidaires concrètes « ici et maintenant » comme le disent si bien Miguel BENASAYAG et Angélique Del REY, dont il faut au moins lire le si actuel, humble et percutant « De l’engagement dans une époque obscure »), et une pensée adaptée à notre survie, avec un seul précepte : Nous ne lâcherons pas.


A lire, pour garder ou reprendre espoir, et surtout agir

Pour cela, nous disposons d’outils sans précédents, vu la richesse des publications et le renouveau de la pensée sur les nouvelles formes de l’agir politique révolutionnaire ou alternatif depuis quelques années... je vous recommande des livres géniaux à lire :
 
- Comme si nous étions déjà libres de David GRAEBER (cet anthropologue économiste anar exclu de Yale et prof à Londres, acteur du mouvement Occupy Wall Street) sur les exemples actuels de résistance et alternative du mouvement OCCUPY aux USA. Paru chez LUX en 2014. David Graeber est jeune et facile à joindre...
 
-Constellations. Trajectoires révolutionnaires du jeune 21è siècle du "Collectif Mauvaise Troupe"(Ed. L’Eclat), collectif de lutte sur place à Notre Dame des Landes (mauvaise-troupe@riseup.net) depuis plusieurs années de résistance au projet daéroport – ou Ayraultport- pharaonique et destructeur de zone humide donné en cadeau à Vinci. Ce très beau recueil, illustré de splendides photos, regroupe divers récits de luttes sociales, occupations, désertions, fêtes, inventions collectives de vie immédiate et différente, qui ont ponctué ces 13 dernières années un peu partout en France...non exhaustif bien sûr, mais jouissif ...!

- L’instant d’après. Projectiles pour une politique à l’état naissant,
de Bernard ASPE (ED. La Fabrique, 2006), est un livre précurseur tout entier consacré à la question existentielle centrale : comment échapper à l’emprise de l’ordre démocratique policier, où les populations acceptent d’être sous le commandement de ceux qui ont des titres à commander. .. ? Et comment pouvoir sortir de ces « oasis », ou encore de ces refuges dans la fuite de ce système que constituent toutes les « zones à défendre », tous les espaces et centres sociaux autogérés où l’action militante se confond et se nourrit de la réalisation de soi et de la création collective... et passer à l’instant d’après ? Car il ne s’agit plus de proposer une énième théorie politique, c’est en revisitant Wittgenstein et Kierkegaard notamment que Bernard Aspe conclut : « Les voies par lesquelles la vie est goûtée ne nous sont pas connues. Les insulations comportent quelque point d’inconstructible. Mais la mise en risque n’est pas ce qui révèle cet inconstructible : elle est ce qui lui donne le seul espace de vie encore possible. » Contrairement au principe même de notre école dite démocratique, « où se distribuent les places de celui qui enseigne et de ceux qui sont enseignés », « comprendre n’est pas interpréter, mais faire l’épreuve d’une bascule irréversible. Ce n’est pas un événement « intellectuel », mais l’apprentissage d’un nouveau geste, même mental ou intérieur. Ce n’est pas l’acquisition d’un contenu de savoir, mais une épreuve du temps – l’épreuve de l’instant, en tant qu’il n’y a d’instant que là où un changement est survenu. Une forme de vie y est toujours engagée, en tant qu’elle est le seul lieu où peut s’opérer un changement réel. »
 
La Revue Outils,
revue de philosophie (post)européenne, rédigée par et en français, italien, grec, espagnol, etc... Voir notamment son N° 3, 1/2013 "Pouvoir destituant. Au-delà de la résistance", à lire absolument... Cf. son site : www.outils.eu. On trouve dans son Comité de rédaction, entre autres : Pierandrea AMATO (auteur du génial petit livre « La révolte » paru en 2011 chez Lignes où il se propose de saisir « ce qui fait la valeur d’une révolte à ce point extrême que les mots lui font défaut » à partir d’exemples de révoltes dont celle des banlieues de 2005) et Luca SALZA, qui travaille avec lui sur le pouvoir destituant ; Alain BROSSAT, qui écrit sur la défection ; Alain NAZE, sur les pratiques clandestines et illégales ; Christiane VOLLAIRE, en charge des contacts avec la revue.Cette revue a tenu en mai 2014 à Paris un séminaire bouleversant d’actualité sur « Les gestes de la politique », avec des interventions de Philippe ROY, Alexandre COSTANZO comparant gestes politiques et gestes esthétiques, José Benito CLEMENT sur l’indignation et l’autonomisation populaire ; et Ignacio BENITO sur les coopératives intégrales espagnoles.

Le N° 28 du printemps 2012 de la revue Réfractions. Recherches et expressions anarchistes, intitulé « Indignations, Occupations, Insurrections », co-rédigé par Jean-Christophe ANGAUT, Céline BONDAZ, Daniel COLSON, Bernard HENNEQUIN, Pierre SOMMERMEYER, Annick STEVENS, Alain THÉVENET, qui traite de l’indignation et de l’insurrection, du temps saccadé des révoltes, et de possibles futurs, revenant sur le mouvement des places ou d’occupation des espaces publics nés depuis 2011 et essaimés du Moyen Orient à l’Europe et aux deux Amériques. Ce numéro pose la question du devenir et de l’inscription dans la durée de ces mouvements, et des difficultés des anarchistes à y intervenir.

Un très beau livre-film d’Isabelle FREMEAUX et John JORDAN, Les Sentiers de l’UTOPIE, paru chez Zones (La Découverte) en 2011 avec son DVD, récit de voyages et documentaire fictionnel à la découverte de formes de vie post-capitalistes, depuis un Camp Climat jusqu’au hameau des Cévennes squatté par des « punks », en passant par une école en autogestion,des usines occupées en Serbie, des communautés agricoles sans propriété, et même un collectif adepte de l’amour libre...

Un livre de Olivier CHIRAN et Pierre MUZIN, Signes annonciateurs d’orages. Nouvelles preuves de l’existence des dieux, paru en 2014 aux Ed. Pontcerq (27 rue du Nivernais, 35000-Rennes, pontcerq@gmail.com), essai « halluciné et extravagant » où on lira comment les « gigantesques légions de dieux » défendant le grand capital, et « avec eux le cortège de leurs fétiches grabataires » s’affronteront à « la fureur de nos dieux juvéniles et de nos héros magnifiques »... Ouaah... !

Le manuel d’Offensive Libertaire et Sociale, ou OLS, collectif né en 2003 (ols@no-log.org), Construire l’autonomie. Se réapproprier le travail, le commerce, la ruralité, paru en 2013 aux Editions l’Echappée. On y a regroupé les dossiers de OLS publiés de 2007 à 2010, sur tous ces sujets y compris sur la précarité et comment s’affranchir de la dépendance économique.

Le livre collectif publié en 2013 par la CNT-Région parisienne et coordonné par Frédéric SIMEON et Raphaël ROMNÉE, De l’Autogestion. Théories et pratiques  , qui explore deux aspects de l’autogestion, l’un historique, l’autre actuel, de l’expérience zapatiste aux systèmes agricoles coopératifs , soulignant « le besoin viscéral de la classe exploitée de prendre ses affaires en main », mais sans proposer de théorie figée ou de dogme. Car l’autogestion "doit être un fait, ici et maintenant, ou elle ne sera rien demain ».

Suivent maintenant des livres au contenu plus académique ou plus théorique, publiés par des chercheurs et universitaires, dont les suivants :
 Emancipation, les métamorphoses de la critique sociale, ouvrage collectif paru en 2013 aux Editions du Croquant, sous la direction d’Alexis CUKIER, Fabien DELMOTTE et Cécile LAVERGNE, sur les formes contemporaines de l’émancipation et de la critique sociale. Avec des contributions, outre celles des coordonnateurs cités, de Luc BOLTANSKI (auteur avec Eve CHIAPELLO du célèbre Nouvel esprit du capitalisme), d’Elsa DORLIN, Stéphane HABER, et enfin de Razmig Keucheyan, à partir de sa cartographie critique des théories et des luttes.

- Le gros ouvrage faisant l’historique de tous les mouvements et acteurs de la contestation, La France rebelle, dirigé par Xavier Crettiez et Isabelle Sommier (aux Ed. Michalon, 2006), une somme assez impressionnante, à réactualiser bien sûr.

Enfin, la mise en évidence d’une exigence commune à beaucoup de mouvements récents ou actuels, Commun. Essai sur la révolution au XXI è siècle, de Pierre Dardot et Christian Laval (La Découverte, 2014). dans ce gros ouvrage, les deux auteurs connus pour leur critique radicale du capitalisme financiarisé actuel (La nouvelle raison du monde), déploient les différents sens du commun, et montre comment son émergence appelle une nouvelle institution de la société par elle-même, ce que l’on nomme aussi révolution.


En 2015 et 2016, s’ajoutent de nouveaux chefs d’oeuvre de la pensée critique et descriptions de ce nouvel agir politique :

- A nos amis paru en octobre 2014 à La Fabrique, des mêmes qui avaient publié L’insurrection qui vient, le Comité Invisible. Ce second livre de ces inculpés (sans preuve) de Tarnac, dont l’abandon de la qualification de « terrorisme » en cour d’appel vient d’être aussitôt contestée par le Parquet général qui se pourvoit en Cassation, va-t-il autant que le premier déclencher les fureurs des dominants, par l’intelligence des stratégies qu’il propose ? Car si le premier restait marqué par un penchant pour la théorie, là on est en plein dans le concret des luttes sociales et l’on n’en sort pas désespéré... . De plus ce second livre s’est vu publié dans huit pays européens afin de créer des liens entre mouvements de résistance et de création ici et ailleurs. Sont en effet analysés quinze années de révoltes, de grèves, de mouvement des places et printemps arabes, avec des échecs qui nous interpellent... Cette relecture est à la fois affutée et modeste, s’appuyant sur l’expérience de luttes concrètes (de Notre Dame des Landes à d’autres, ici et ailleurs), mais aussi sur des lectures où sans surprise on retrouve Foucaud, Deleuze, Pasolini... Leur conclusion est belle :"toute puissance repose sur trois dimensions qu’il faut tenir ensemble : - l’esprit, l’expression spirituelle ; - la force, c’est-à-dire une capacité guerrière orientée soit vers l’autodéfense, soit si nécessaire vers l’attaque ; - et la richesse au sens de la multiplication, la floraison, de lieux habités, autogérés, et de moyens matériels et humains de survie, que ce soit des dispensaires autogérés, des liens sociaux, des magasins solidaires, etc, moyens non uniquement matériels, mais incluant ce qui nous est donné - à condition de le préserver et le respecter : les animaux, la nature... l’eau, le ciel »..., etc)

 Contrées. Histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa, du Collectif Mauvaise Troupe, paru le 2 mai 2016 aux Editions de l’Eclat, deux ans après  Constellations . Ce nouveau livre qui met en regard deux luttes en cours contre des « grands projets et leur monde » en donnant la parole à leurs protagonistes est né de l’intuition que les expériences doivent circuler simultanément aux slogans et à l’enthousiasme, pour donner chair aux volontés de résistance. Selon les auteurs, « Dans le mouvement social tel que nous le vivons aujourd’hui, nous sommes nombreux à chercher les manières par lesquelles la lutte pourrait échapper à son extinction programmée, les éléments qui permettraient de la pousser un peu plus en avant. Il y a la mémoire des précédentes mobilisations, de 68 à 2010, les réminiscences de l’antimondialisation et des Indignés, etc. Viennent désormais s’y ajouter la geste de la ZAD et celle du No TAV, les histoires de ces luttes que l’on dit parfois un peu rapidement « territoriales » et qui ont marqué l’agir politique de leurs pays respectifs. »

 Contrées se propose de déployer et d’entrelacer ces deux épopées, qui depuis des décennies font du bocage de Notre-Dame-des-Landes et de la vallée italienne de Susa des espaces où les velléités d’aménagement des gouvernements peinent à prendre pied et sont même parfois battues en brèche. On y bataille contre des infrastructures imposées, aéroport pour l’un, train à grande vitesse (TAV) Lyon-Turin pour l’autre.. L’idée de commune, qui certains soirs jaillit place de la République, sourd depuis trois ans des 2000 hectares libérés de la ZAD. Et ce murmure n’est peut-être pas étranger à l’énergie toute particulière des manifestations nantaises – mais également rennaises - qui prennent depuis le début de la contestation contre la loi travail des airs insurgés. Des soulèvements populaires, la vallée de Susa en a connus plus qu’à son tour, quand pour empêcher le début des travaux la totalité des habitants de la vallée envahissait les villages et l’autoroute, sabotait les machines et chassait les forces de l’ordre. Les victoires qui ont été arrachées ici et là-bas ont redessiné l’avenir de ces contrées, et réveillé d’immenses espoirs, bien au-delà de leurs frontières. On y a appris à mêler si intimement la vie et le combat qu’il est désormais impossible d’envisager l’une sans l’autre, ou de savoir ce qui tient de l’un, ce qui tient de l’autre. C’est cet enchevêtrement qui se donne à voir au fil des pages, esquissant les pistes de ce que signifierait un mouvement dont personne ne sonne le glas. Des débats peuvent être organisés avec les auteurs, à contacter à l’adresse suivante :
mauvaise-troupe@riseup.net et voir le site https://constellations.boum.org/

 ZOMIA, ou l’art de ne pas être gouverné de James C. Scott
« La vaste littérature portant sur la construction étatique, contemporaine ou plus ancienne, n’accorde quasiment aucune attention à son envers : l’histoire de l’absence d’État, délibérée et réactive. Je veux parler ici de l’histoire de ceux qui sont passés à travers les mailles du filet […]. Pratiquement tout, dans les modes de vie, l’organisation sociale, les idéologies et (de manière plus controversée) les cultures principalement orales de ces peuples, peut être lu comme des prises de position stratégiques visant à maintenir l’État à bonne distance. Leur dispersion physique sur des terrains accidentés, leur mobilité, leurs pratiques de cueillette, leurs structures de parenté, leurs identités ethniques malléables ainsi que le culte que ces peuples vouent à des chefs prophétiques ou millénaristes, tout cela permet en effet d’éviter leur incorporation au sein d’États et d’éviter qu’eux-mêmes ne se transforment en États », James C. Scott, ZOMIA ou l’art de ne pas être gouverné, Seuil, 2013, p. 10.
Cf. l’analyse de Pascal Nicolas Le Strat « Le travail historique du commun, à la lecture de ZOMIA », in Commun en concept(s), 28 septembre 2015 :
« Une autre histoire est possible. James C. Scott en fait une démonstration exemplaire. Une histoire qui n’est pas celle, linéaire et évolutionniste, de l’imposition triomphante de la forme État, mais qui relate la résistance opiniâtre et créative des peuples et des individus qui désiraient rester autonomes. Une histoire qui n’est pas retracée de l’unique point de vue des élites étatiques dominantes, qui n’est pas celle des vainqueurs, mais celle des dissidents. L’histoire que nous conte James C. Scott est l’histoire des peuples qui ont su stratégiquement se doter d’un mode de vie suffisamment mobile pour se maintenir hors de portée de l’État. Lorsque le chercheur ou le citoyen se défait d’une vision étatico-centrée, il libère son regard et sa compréhension et il découvre alors que l’existence des peuples ne saurait en aucune façon se réduire au long cheminement vers un supposé plus haut degré de civilisation représenté par la forme État, forme spécifique de gouvernement caractérisée par la volonté de sédentariser et de concentrer les populations pour mieux les administrer et par l’instauration de techniques de gouvernement destinées à rendre l’activité de ces populations systématiquement lisible (recensement des individus), imposable / confiscable (captation des ressources) et mobilisable (conscription, réquisition).
Ce processus de normalisation sous les auspices de l’État s’est toujours heurté à de puissantes résistances et il est resté longtemps minoritaire. « La gigantesque périphérie non gouvernée entourant ces États minuscules représentait également un défi et une menace. Elle abritait des populations fugitives et mobiles dont les modes de subsistance – cueillette, chasse, agriculture itinérante, pêche et pastoralisme – étaient fondamentalement inappropriables par l’État. La diversité, la fluidité et la mobilité mêmes de leurs moyens d’existence signifiaient que, pour un État agraire adapté à une agriculture sédentaire, ces régions ingouvernées et leurs populations étaient stériles sur le plan fiscal ». James C. Scott nous propose donc une autre histoire, une histoire conçue à partir d’un point de vue radicalement différent, celui des peuples en résistance et des territoires restés ingouvernés, à partir donc d’un autre centre de perspective politique, celui des réfractaires (à la sédentarisation), des fugitifs (face à la conscription et aux réquisitions) et des rebelles (à toute assignation identitaire, en particulier ethnico-nationale). 
 »

 L’Etat n’est plus rien, soyons tout, de Raoul Vaneigem, suivi de Un changement radical est à notre portée (Ed. Rue des cascades, 2012) est un spendide et bref pamphlet où tout est dit en peu de mots. Invité à des assemblées générales en Grèce par le Mouvement AntiAutoritaire pour une démocratie directe, le célèbre auteur du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations publié par Gallimard en 1967 peu avant Mai 68 qu’il contribua à inspirer, et entre-temps de plus de 20 textes, réaffirme sa confiance en « la révolution autogestionnaire en tant que révolution de la vie quotidienne », et qu’ « outrepassant les barricades de la résistance et de l’autodéfense, les forces vives du monde entier s’éveillent d’un long sommeil. Leur offensive, irrésistible et pacifique, balaiera tous les obstacles dressés contre l’immense désir de vivre que nourrissent ceux qui, innombrables, naissent et renaissent chaque jour. […] Nos sociétés ont été de vastes entrepôts où l’homme, réduit au statut de marchandise, également précieuse et vile, était corvéable et interchangeable. Nous allons inaugurer le temps où l’homme va assumer sa destinée de penseur et de créateur en devenant ce qu’il est et n’a jamais été : un être humain à part entière. »
Vaneigem part d’un constat que l’on peut faire tous les jours, et dont nos amis grecs ont fait la cruelle expérience les premiers : « Non seulement l’Etat n’est plus en mesure de remplir ses obligations en vertu du contrat social, mais il rogne sur les budgets des services publics, il envoie à la casse tout ce qui, pour le moins, garantisait la survie, à défaut de permettre à chacun de mener une vraie vie. Et cela au nom d’une gigantesque escroquerie baptisée du nom de dette publique. Il ne lui reste plus qu’une seule fonction : la répression policière. »
Il décrit ce que nous vivons en ce printemps 2016 en France et que constatent toutes les forces vives de mobilisation pour nos droits les plus fondamentaux : « La force de l’inertie joue contre nous. Les traditions familiales, sociales, politiques, économqiues, religieuses, idéologiques n’ont cessé de perpéteur, de génération en génération, cette servitude volontaire que dénonçai déjà La Boétie. […] Comment nos adversaires arrivent-ils à leurs fins ? En distillant en nous une croyance absurde en leur toute-puissance. Ils stimulent ce réflexe de peur qui accrédite l’invincibilité du vieux monde, alors que celui-ci s’écroule de toutes parts. » Sans prétendre avoir la solution, Vaneigem avance quelques pistes, qui rejoignent celles préconisées par beaucoup des auteurs cités jusqu’ici :
« La meilleure sauvegarde consiste à ne pas entrer sur le terrain où l’ennemi nous attend et nous espère. […] L’avenir appartient à des collectivités locales capables de penser globalement. […] Une solidarité s’y développe, qui sur des thèmes apparemment anodins, fait changer les mentalités, les ouvre à la conscience et à l’inventivité. […] On en revient ainsi au sens originel du mot politique : l’art de gérer la cité, d’améliorer le lieu social et psychologique où une population aspire à vivre selon ses désirs.[...] Assez de faux débats, assez d’idéologies ! Tolérance pour toutes les idées, intolérance pour tout acte barbare. »
Et de conclure par ces phrases magnifiques que l’on croirait prononcées à Notre Dame des Landes ou dans des coopératives intégrales basques ou espagnoles : « Seule la poésie échappe à l’oeil acéré du pouvoir. Seule la passion de vivre fait reculer la mort. »

 La Société contre l’Etat de Pierre Clastres, anthropologue et ethnologue décédé en 1977 et ayant séjourné longuement auprès des Indiens Guayakis en Amérique du Sud, retrouve une brûlante actualité sous l’effet de la déliquescence actuelle de la démocratie dans un grand nombre de pays occidentaux. Pierre Clastres montre le biais dramatique de l’anthropologie occidentale qui a fait passer les autres peuples vivant sans Etat pour des peuples « primitifs » afin de mieux justifier leur conquête et écrasement, voire extermination, par les colons venus de monarchies absolues du Portugal, d’Espagne, d’Angleterre et de France essentiellement. Cet ouvrage est plus que jamais à lire aujourd’hui pour sa description rigoureuse de la façon dont des sociétés ont su gérer leur vie collective sans se faire gouverner, c’est-à-dire dominer, par des dirigeants omnipotents, fussent-ils élus. A l’exception des hautes cultures du Mexique, d’Amérique centrale et des Andes, en effet, les sociétés indiennes de ce continent ont été longtemps « dirigées » ou gérées par des chefs dépourvus de pouvoir, c’est-à-dire de force de coercition ou de violence légitime ; le politique y échappait donc à toute forme de subordination hiérachique, ce qui pourtant pour nos sociétés occidentales semble indissolublement définir l’essence du pouvoir politique.
Ainsi le trait fondamental de l’organisation politique du plus grand nombre des sociétés amérindiennes est-il, comme le constate encore au milieu du XXè siècle Pierre Clastres, l’absence de stratification sociale et d’autorité du « chef », qui reste soumis au contrôle du conseil des anciens en temps de paix, et dont le « pouvoir » civil est fondé sur le contrôle de tous et non sur la contrainte. Il est porteur de parole de paix et doit être généreux, et la polygynie est son privilège, ces deux derniers constitutifs l’obligeant à travailler le plus durement. Certes le chef a le privilège de la parole, mais celle-ci reste rituelle, son discours, en sa solitude, rappelle la parole du poète pour qui les mots sont valeurs plus que signes. Ce mode de constitution de la sphère politique est un mode de défense à l’encontre de la violence : la parole, privilège accordé au chef, est le moyen que se donne le groupe pour maintenir le pouvoir à l’extérieur de la violence coercitive. Et Pierre Clastres de conclure : «  La société [dite] primitive sait que la violence est l’essnce même du pouvoir. En ce savoir s ’enracine le souci de maintenir constamment à l’écart l’un de l’autre le pouvoir et l’institution, le commandement et le chef. Et c’est le champ même de la parole [ - l’opposé même de la violence - ] qui assure la démarcation et trace la ligne de partage. »
Certes, cela suppose des territoires de vie commune de taille démographique réduite, et de fait, note Pierre Clastres, « on constate « un extraordinaire morcellement des « nations », tribus, sociétés en groupes locaux qui veillent soigneusement à conserver leur autonomie même au sein d’ensembles dont ils font partie ». Sa conclusion est très instructive pour nous, Occidentaux habitués dès l’enfance à l’obéissance aux pouvoirs constitués : «  L’apparition de l’Etat a opéré le grand partage typologique entre « Sauvages » et « Civilisés », […] quand le Temps devient Histoire. » Or, nous a dit Clastres plus haut, « Quand, dans la société primitive, l’économique se laisse repérer comme champ autonome et défini, quand l’activité de production devient travail aliéné, comptabilisé et imposé par ceux qui vont jouir des fruits de ce travail, c’est que la société n’est plus primitive ; c’est qu’elle est devenue une société divisée en dominants et dominés, en maîtres et sujets. […] Avant d’être économique, l’aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l’économique est une dérive du politique, l’émergence de l’Etat détermine l’apparition des classes. »

 Le travail du commun , de Pascal NICOLAS-LE STRAT, qui vient de paraître en février 2016 aux Editions du Commun. Pascal Nicolas Le Strat, sociologue qui a déjà publié de nombreux livres sur les liens noués entre la sociologie, l’art et l’action émancipatrice au travers des expérimentations politiques, de l’expérience de l’intermittence dans les cmamps de l’art, de la cuilture, du social, de la recherche – il a suivi de l’intérieur la lutte des Intermittents du spectacle en 2003 – décrypte là ce que peut être le travail du « commun », comment s’allient le désir, la passion du commun et l’agir en commun, comment le travail instituant du commun fait émerger une capacitation – empowerment disent les anglo-saxons – et contourne, défait les impuissances à agir qui ont marqué ces dernières décennies les générations ayant vécu le fordisme et l’Etat social et en observant la destruction. S’appuyant sur les relectures de Toni Negri et Michael Hardt, de James C. Scott, de Yvain von Stebut2 mais aussi du Collectif Mauvaise Troupe, il nous emmène, par un « déboîtement radical », vers cette conquête jamais définitive et toujours à défendre de l’autonomie – entre le Do it yourself et le Do it Together -, où l’art fait jonction avec la vie, où l’Etat est tenu à distance, où les intentions politiques ne sont rien sans leur inscription dans les pratqiues... « Le commun ou l’art de ne pas être gouverné » serait-il donc à portée de main ?
Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive, on pourrait citer d’autres ouvrages (2), mais cela montre la richesse des expériences qui se développent tous les jours, plus ou moins visibles, et mettent en œuvre du produire, du faire, du créer, du vivre autrement sous le capitalisme mondialisé et financiarisé dominant.

Quelles conclusions tirer ?

Comme l’exprime si bien David Graeber, dans nos pays occidentaux considérés comme riches et de surcroît « démocratiques », la crise économique n’atteint que les pauvres et profite aux plus riches, et « la différence réelle entre le pouvoir de la finance et celui de l’Etat s’embrouille un peu plus chaque jour  » . Ce n’est pas un hasard si les Indignés se sont donné le nom des 99 %, ramenant au cœur du débat politique non seulement la question des classes, mais celle du pouvoir, car selon les termes de David Graeber en lesquels nous sommes si nombreux à nous reconnaître, le système économique est devenu le « mafia-capitalisme » et nos gouvernements ressemblent de plus en plus parfaitement à ces castes oligarchiques et gavées de leur pouvoir qui ont partout dans l’histoire suscité des appels à la révolution, à commencer par celle de 1789.
Si l’histoire nous apprend aussi à quel point ces révolutions ont souvent été réprimées dans le sang, ou ont accouché de dictateurs, nous ne pouvons rester inertes, et nous pouvons apprendre des erreurs passées. De toute façon, avons-nous le choix...? Nous voyons avancer à l’aube du XXIè siècle des catastrophes sans précédent pour l’espèce humaine, tant sur le plan écologique et climatique qu’en ce qui concerne le déchaînement de guerres et de massacres à grande échelle. Comme l’écrit Bernard Aspe, nous sommes comme l’ours blanc accroché au bloc de banquise en train de fondre, nous sommes le dos au mur, mais nous nous accrochons jusqu’au bout.
Reprenons à notre compte l’appel du Comité Invisible sur la page de garde du livre « A nos amis » :
« A ceux pour qui la fin d’une civilisation n’est pas la fin du monde. A ceux qui portent des coups.
A ceux qui guettent le moment propice. A ceux qui cherchent des complices. A ceux qui désertent.
A ceux qui tiennent bon. A ceux qui s’organisent" !!!
"

De même, David Graeber conclut-il ainsi son livre Comme si nous étions déjà libres :
« Pour les mouvements sociaux, une année ne représente pas grand chose. En une seule année, Occupy a réussi à cerner le problème (l’existence d’une classe du pouvoir issue de la fusion de la finance et du gouvernement) et à proposer une solution, soit la création d’une culture véritablement démocratique. Pour y parvenir, il faudra du temps. [...]. Comme le révèlent les événements de 2011, l’ère des révolutions est loin d’être terminée. L’imagination humaine refuse obstinément de mourir. Et dès qu’il y a suffisamment de personnes libérées des chaînes qui entravent l’imagination collective, on sait que même nos opinions les plus profondément ancrées sur ce qui est politiquement possible s’effondrent du jour au lendemain. »
Ce qui peut aider à sortir du dilemme des révolutions manquées est peut-être précisément l’arrivée dans nombre de nos pays de générations de jeunes à la fois cultivés, informés, liés par les réseaux sociaux, et ne trouvant aucun emploi digne de ce nom et aucune place dans la société, d’une part, et leur alliance difficile à établir mais qui s’est faite de manière inattendue dans les mouvements de 2011 avec ce qui reste de classe ouvrière et avec le bas de la classe moyenne, écrasées de dettes et dont une part énorme des salaires est captée par la sphère financière, et en totale insécurité de l’emploi. C’est à cette alliance que nous devons travailler, sans oublier les agriculteurs endettés et spoliés par les firmes agro-alimentaires, parmi lesquels se lèvent les résistances (Cf. Alternatiba, Bizi au Pays Basque, Bonnets rouges bretons à leurs débuts, et le rôle clé de la Confédération Paysanne en France et de Via Campesina au niveau international).
Autre forte intuition nourrie de l’expérience des luttes de ces dernières années : Luttons pour développer notre puissance et non plus pour "prendre le pouvoir", car le pouvoir apporte la soumission, tandis que développer la puissance collective apporte une forme de bonheur ou de "mieux vivre" au sens des latino-amérindiens... Ainsi divers auteurs préconisent-ils un pas de côté :
"Sortir du paradigme de gouvernement", "apprendre à mieux percevoir ce qui est là",
"percevoir un monde peuplé non de choses, mais de forces, non de sujets, mais de puissances, non de corps, mais de liens".


(1) En ce jour quelconque d’août 2014, la liste est ouverte : La Cantine des Pyrénées, centre social de fait, très fréquenté et très utile dans le quartier populaire du 20ème, vient d’être expulsée. Les migrants de Calais sont jetés hors de leurs campements de fortune, et même la distribution de repas par les associations s’est vue interdite et refoulée par la police. Les Baras, (qui en wolof veut dire « travailleurs »), collectif de travailleurs maliens toujours privés de titres de séjour, ont été expulsés de leur squat par le préfet de Seine Saint-Denis, ont campé cinq jours devant la mairie de Bagnolet, puis ont été à nouveau expulsés par la police sur arrêté du maire « socialiste », et se sont réfugiés sous un pont de l’autoroute A3...Les Roms de Nanterre qui campaient sous l’autoroute au bout du quai SNCF de Nanterre-Université, et à qui aucune proposition de relogement n’avait été faite, dont les enfants n’avaient même pas obtenu leur inscription pour la rentrée scolaire de septembre 2014, ont été finalement expulsés sans proposition de relogement... le terrain treste vide mais barricadé. ..Les quelque 400 Roms du Camp Truillot d’Ivry-sur-Seine, installés là depuis 2011, après avoir fait l’objet d’un « diagnostic social approfondi » payé à coups de milliers d’euros par la mairie, le département et la Préfecture du Val de Marne, ont été expulsés avec toutefois le relogement d’une partie d’entre eux dans des pavillons construits à Ivry par le Président du département communiste du Val de Marne et la mairie communiste d’Ivry, cas exceptionnel.

(2) Comme par exemple l’ouvrage coordonné par VECAM Libres savoirs. Les biens communs de la connaissance C&F Editions, mai 2011, etc...